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Sarah Biasini comédienne
27 mars 2014

Le parisien.fr

 

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La fille de Romy frappe fort

Sarah Biasini est époustouflante dans «Bash», une pièce dérangeante et bouleversante. La comédienne de 36 ans marche sur les traces de sa mère.

Thierry Dague | Publié le 27 mars 2014, 07h00

Théâtre 14, Paris (XIVe), le 3 mars. Après s’être cherchée au cinéma et à la télé, Sarah Biasini s’épanouit au théâtre, avec une dizaine de pièces en sept ans à son actif.

Le choc est à la hauteur du titre : « Bash », « frapper » en anglais. Comme une bonne claque, ou un coup de poing, distribuée sur la scène du Théâtre 14, à Paris, par l'acteur Benoît Solès et une comédienne de 36 ans qui pourrait bien avoir trouvé le rôle le plus fort de sa jeune carrière : Sarah Biasini. Dans cette pièce composée de trois monologues, adressés directement au public, la fille de Romy Schneider incarne des femmes qui basculent dans l'horreur.

C'est Benoît Solès, sobrement assis devant un rideau noir, qui ouvre ce bal tragique avec le récit d'un père qui sacrifie son bébé en croyant sauver son travail. Sarah Biasini lui succède. Elle raconte l'histoire d'une collégienne de 13 ans séduite par son professeur. Quinze ans plus tard, elle se venge d'une terrible manière. Dans la dernière partie, les deux acteurs jouent un couple qui fait la fête à New York : tandis qu'elle rentre à l'hôtel, son fiancé tabasse à mort un homosexuel dans Central Park.

Le public sort saisi par ces trois textes à l'écriture franche, sans pathos, redoutablement percutante, créés en 1999 par l'Américain Neil LaBute, scénariste et réalisateur des très remarqués « En compagnie des hommes » et « Nurse Betty ». « Mais personne ne quitte la salle pour aller vomir, ce n'est pas insoutenable ! », rigole Sarah Biasini, qui avait d'abord dit non au projet. « Je venais de faire Lettre d'une inconnue de Stefan Zweig, où il était déjà question d'infanticide. Je me suis dit que j'allais arrêter avec les enfants morts ! Mais Benoît Solès m'a convaincue. »

Le sourire lumineux de l'actrice, le ton détaché de son partenaire, la mise en scène dépouillée de Gilbert Pascal, tout contribue à faire passer la pilule. « Le but n'est pas de choquer, souligne Sarah. Ils commettent des actes terribles, mais jamais prémédités. Chacun de nous peut péter un câble. » De son propre séjour aux Etats-Unis, où elle a suivi les cours du Lee Strasberg Institute, la fille de Romy et de Daniel Biasini retrouve « l'hypocrisie de la société américaine, à la fois religieuse et violente ».

Après s'être cherchée au cinéma et à la télé, Sarah semble avoir trouvé sa voie au théâtre, où on l'a vue dans une dizaine de pièces en sept ans. Peut-être pour éviter la comparaison avec sa mère, icône du grand écran ? « Peut-être, mais je ne me le suis jamais dit, rétorque-t-elle. Je ne me suis jamais mise en compétition avec elle, ça n'aurait pas de sens. »

Si elle a longtemps hésité à se lancer dans le métier, ce n'était pas par crainte de l'image maternelle, mais « pour être sûre d'en avoir envie ». Elle n'a plus aucun doute, et nous non plus. Elle est aussi juste en fille-mère qu'en bimbo superficielle dans ce « Bash » à l'onde de choc durable, puisque la pièce sera reprise dans une plus grande salle, au Théâtre des Mathurins, dès la fin avril.

Thierry Dague

« Bash », jusqu'au 26 avril au Théâtre 14, Paris XIVe. Du mardi au samedi à 19 heures. De 18 à 25 €. Tél. 01.45.45.49.77.

 

 

         
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