Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Sarah Biasini comédienne
25 février 2020

Critique Atlantico

"La Mégère apprivoisée" de William Shakespeare : féministe ou pas, telle est la question !

 

RECOMMANDATION
Excellent


THÈME
À Padoue, il signore Baptista a deux filles à marier : Bianca, la cadette, est douce, docile, et donc très courtisée, alors que sa soeur aînée, Catarina, colérique et rebelle, n’attire aucun prétendant.

Le patriarche ayant décidé qu’il n’accordera à personne la main de Bianca avant que Catarina ne soit mariée, l’un des prétendants de la première  va présenter l’un de ses amis, l’impétueux Petruchio, prêt à épouser Catarina… pour sa dot ! 

Celle qui représentait tout ce qu’un homme ne voulait pas trouver en son épouse, va finalement devenir une femme soumise et tellement plus « agréable » aux yeux d’une société patriarcale, après que son époux l’a « domptée » ...

 

POINTS FORTS
Dans cette adaptation très réussie et modernisée de la pièce de Shakespeare modernisée, le jeu des comédiens est plein d’humour. 

D’aucun pensent  aujourd’hui qu’un génie comme Shakespeare ne pouvait être un abject misogyne, et qu’au fond sa pièce était féministe, puisqu’elle offre une place centrale à une femme rebelle et laisse apparaître son mari oppressant comme un brutal manipulateur... 

Il reste que Catarina deviendra une femme obéissante, soumise, et que la pièce du génial Anglais se conclue sur un passage tellement misogyne qu’il ne peut désormais que faire rire (au moins jaune) !

Les intentions de Frédérique Lazarini sont, elles, sans ambiguité : le ton subtilement adopté par les comédiens, et surtout la lecture en toute fin de pièce par Catarina d’un texte de Virginia Woolf, tiré d’Une Chambre à soi, et qui évoque la « sœur merveilleuse de Shakespeare », ne laisse pas planer le doute, et cela est bien agréable à des oreilles du XXIeme siècle.

 

POINTS FAIBLES
Il va de soi que tous ceux qui pourraient se sentir oppressés ou menacés par l’émergence des discours féministes (ou plutôt humanistes devrait-on dire), ou par les mouvements tel que Mee too, et qui pensent que c’était «  tellement mieux avant »  risquent de ne pas goûter l’approche de Frédérique Lazarini...

 

EN DEUX MOTS 
La mégère apprivoisée, déjà adaptée - ainsi  à l’écran en 1967 autour du couple mythique (et tout aussi tumultueux) Elizabeth Taylor / Richard Burton -  donne lieu à une nouvelle proposition sur les planches, très réussie, plus actuelle, et cette fois-ci sans conteste féministe !

 

UN EXTRAIT
Catarina: « Une femme en courroux est comme une fontaine troublée, fangeuse, sans transparence, sans pureté, et perd toute sa beauté ; et tant qu’elle est dans cet état, nul, si altéré qu’il soit, ne daignera boire ou toucher des lèvres une seule goutte de son eau ! Ton mari est ton seigneur, ta vie, ton gardien, ton souverain, celui qui prend soin de toi et qui, pour assurer ta subsistance, soumet son corps à de durs travaux sur terre et sur mer, qui veille la nuit dans la tempête, le jour dans le froid, tandis que tu reposes, bien au chaud, dans la paix du logis. »

 

Yolène Bahu

 

Publicité
Commentaires
Publicité