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Sarah Biasini comédienne

27 février 2020

Melle JULIE - INFOS (SCENEWEB.FR)

Sarah Biasini, nouvelle Mademoiselle Julie

Mademoiselle Julie est un texte mythique qui a donné envie aux plus illustres artistes de raconter cette histoire d’amour et de manipulation, de violence et de fièvre, durant la nuit de la Saint Jean. La demoiselle de la maison va provoquer et séduire le valet de son père, transgression la plus ultime pour cette «fille à papa» qui va tout faire pour rendre cette nuit – la plus courte de l’année – la plus électrique, la plus intense, la plus définitive. La puissance de ce grand texte de théâtre réside dans la force de l’affrontement, qui traverse les décennies sans que soit affadie pour autant la structure psychologique des personnages qui s’aiment et se combattent ; situation chauffée à blanc qui nous permet de ne pas douter que le talent des acteurs réunis pourra enflammer le plateau du théâtre. Strindberg y concentre sa révolte contre les conventions et renouvelle les codes de l’art dramatique en décidant de montrer non pas ce qui se passe, mais comment cela se passe à l’intérieur des personnages, à la manière naturaliste. Il emprunte à la psychanalyse naissante qui découvre l’inconscient. Afin d’être au plus près de l’intensité du jeu d’acteur, des moyens techniques rendus invisibles permettront de saisir en gros plan et en direct, comme une empreinte de leurs âmes, les conflits intérieurs de Julie, Christine et Jean… Comme si la demeure elle-même témoignait de l’énergie destructrice de ces personnages emplis de contradictions et de certitudes toutes prêtes à voler en éclats aux premiers rayons de l’aurore.

Mademoiselle Julie
d’August Strindberg
mise en scène et scénographie Christophe Lidon
avec Yannis Baraban, Sarah Biasini, Deborah Grall
Chorégraphie du bal : Maud Le Pladec, directrice du Centre chorégraphique national d’Orléans avec les amateurs d’Orléans

version scénique Michael Stampe
lumières Cyril Manetta – costumes Chouchane Abello-Tcherpachian
musique Cyril Giroux – images Léonard – assistante à la mise en scène Valentine Galey

avec le soutien de la ville de Saint-Maurice, Théâtre du Val d’Osne

Cado Orléans
du 20 mars au 05 avril 2020
salle Pierre-Aimé Touchard

Avignon Off
Théâtre des Halles
du 3 au 26 juillet 21H30

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25 février 2020

Critique La nouvelle claque

 

La Mégère apprivoisée- Artistic Théâtre

Shakespeare immémoriel ou Shakespeare à la poubelle ? Voir ou ne pas voir cette pièce ? L’actualiser et si oui, comment ?

Dans « La Mégère apprivoisée » est question de Baptista (Maxime Lombard), père de deux filles, qui s’oppose à marier sa douce Blanca tant que l’acariâtre et indomptable Catarina (Sarah Biasini) ne sera pas elle-même promise à un mari. Débarque alors un gaillard, arrogant et vénal, en la personne de Petruchio (Cédric Colas) qui prétend pouvoir mater Catarina et laisser le champ libre à son ami Lucentio (Pierre Einaudi) pour ravir la cadette.

La pièce a été adaptée par Frédérique Lazarini qui l’a placée sur la place d’un village italien des années 50. Dans cette adaptation, la pièce se réduit à cinq personnages sur scène tandis que quatre autres apparaissent dans de petites séquences vidéo projetées sur ce qui paraît être un cinéma ambulant. Cette trouvaille est intéressante, permettant à des personnages absents sur scène d’apparaître en second plan. De plus, les passages de pubs italiennes (joli travail d’archive!) sont de réjouissants interludes. Le décor est simple mais appréciable et les costumes mi-contemporains, mi-élizabethains font bon effet.

Dans le cinéma italien des années 50, des revendications sociales et féministes prennent forment, écho à notre mégère qui, chez Shakespeare, a bien du mal à se faire entendre. Petruchio, en la privant de sommeil et de repas entreprend de la dresser. Après quelques tours de passe-passe grâce à la complicité de son valet, il la ramène voir son père Baptista. Les hommes mariés présents parient alors sur la femme la plus soumise : Catarina devenue obéissante fait gagner son mari.

Malgré toute l’inventivité de l’adaptation proposée, ce fut pour moi, avec mon regard féminin et contemporain, un choc tant les propos de Shakespeare suintent d’une misogynie sans borne. De plus, le jeu est un peu criard et poussif, le personnage de Petruchio surtout est surjoué.

N’était survenu cet épilogue final dans lequel Sarah Biasini déclame un texte emprunté à Virginia Wolf, j’aurais gâché mon après-midi. Si cet aparté me rassure sur l’intention des acteurs et de la metteure en scène, la sensation reste désagréable.

Malgré une proposition artistique insérant astucieusement la critique par le cinéma italien des années 50 dans l’intrigue, j’ai l’impression d’être passée à côté de la suggérée modernité de cette adaptation.

Crédit photo : Marion Duhamel

25 février 2020

Critique Atlantico

"La Mégère apprivoisée" de William Shakespeare : féministe ou pas, telle est la question !

 

RECOMMANDATION
Excellent


THÈME
À Padoue, il signore Baptista a deux filles à marier : Bianca, la cadette, est douce, docile, et donc très courtisée, alors que sa soeur aînée, Catarina, colérique et rebelle, n’attire aucun prétendant.

Le patriarche ayant décidé qu’il n’accordera à personne la main de Bianca avant que Catarina ne soit mariée, l’un des prétendants de la première  va présenter l’un de ses amis, l’impétueux Petruchio, prêt à épouser Catarina… pour sa dot ! 

Celle qui représentait tout ce qu’un homme ne voulait pas trouver en son épouse, va finalement devenir une femme soumise et tellement plus « agréable » aux yeux d’une société patriarcale, après que son époux l’a « domptée » ...

 

POINTS FORTS
Dans cette adaptation très réussie et modernisée de la pièce de Shakespeare modernisée, le jeu des comédiens est plein d’humour. 

D’aucun pensent  aujourd’hui qu’un génie comme Shakespeare ne pouvait être un abject misogyne, et qu’au fond sa pièce était féministe, puisqu’elle offre une place centrale à une femme rebelle et laisse apparaître son mari oppressant comme un brutal manipulateur... 

Il reste que Catarina deviendra une femme obéissante, soumise, et que la pièce du génial Anglais se conclue sur un passage tellement misogyne qu’il ne peut désormais que faire rire (au moins jaune) !

Les intentions de Frédérique Lazarini sont, elles, sans ambiguité : le ton subtilement adopté par les comédiens, et surtout la lecture en toute fin de pièce par Catarina d’un texte de Virginia Woolf, tiré d’Une Chambre à soi, et qui évoque la « sœur merveilleuse de Shakespeare », ne laisse pas planer le doute, et cela est bien agréable à des oreilles du XXIeme siècle.

 

POINTS FAIBLES
Il va de soi que tous ceux qui pourraient se sentir oppressés ou menacés par l’émergence des discours féministes (ou plutôt humanistes devrait-on dire), ou par les mouvements tel que Mee too, et qui pensent que c’était «  tellement mieux avant »  risquent de ne pas goûter l’approche de Frédérique Lazarini...

 

EN DEUX MOTS 
La mégère apprivoisée, déjà adaptée - ainsi  à l’écran en 1967 autour du couple mythique (et tout aussi tumultueux) Elizabeth Taylor / Richard Burton -  donne lieu à une nouvelle proposition sur les planches, très réussie, plus actuelle, et cette fois-ci sans conteste féministe !

 

UN EXTRAIT
Catarina: « Une femme en courroux est comme une fontaine troublée, fangeuse, sans transparence, sans pureté, et perd toute sa beauté ; et tant qu’elle est dans cet état, nul, si altéré qu’il soit, ne daignera boire ou toucher des lèvres une seule goutte de son eau ! Ton mari est ton seigneur, ta vie, ton gardien, ton souverain, celui qui prend soin de toi et qui, pour assurer ta subsistance, soumet son corps à de durs travaux sur terre et sur mer, qui veille la nuit dans la tempête, le jour dans le froid, tandis que tu reposes, bien au chaud, dans la paix du logis. »

 

Yolène Bahu

 

23 février 2020

Critique United States of Paris

La mégère apprivoisée :

inattendue et jubilatoire

 

  

20 février 2020

Critique Yvelines Radio

"La mégère apprivoisée" de William Shakespeare (peut-être aidé de sa soeur)

 

Une adaptation et une Mise en Scène où le talent fait rage, de Frédérique LAZARINI, assistée de Lydia NICAUD.

 

AfficheTrès honnêtement, c'est la première "Mégère", hors parodie, où je prends autant de plaisir.

Nous sommes en 1950, sur la place d'un village au Sud de l'Italie, un cinéma ambulant va y donner une représentation.

Nous passons souvent de ceux de l'écran à ceux qui sont sur scène. On regrette d'ailleurs de ne pas voir "en vrai" Bianca, si bien jouée par Charlotte DURAND-RAUCHER.

Sur scène: Sarah BIASINI, qui ressemble tant à sa maman. Mais, si Romy SCHNEIDER était encore là, on lui demanderait si c'est bien elle la mère de Sarah Biasini. Sarah a vraiment beaucoup de talent ! Cédric COLAS, le Petruchio que l'on imagine. Pierre EINAUDI, très "en place". Maxime LOMBARD, qui fait beaucoup penser à Michel Galabru. Guillaume VEYRE, virevoltant et très drôle.

Sur l'écran, il y a aussi : Didier LESOUR , Jules DALMAS et Hugo PETITIER. Trois très bons comédiens.

Scénographie et Lumières : François CABANAT. Costumes: Dominique BOURDE, assistée de Emmanuelle BALLON. Le film projeté est réalisé par Bernard MALATERRE.

Une soirée d'une légèreté talentueuse, c'est un sans faute ! Le comédien Bernard Ménez qui était dans la salle n'a pas boudé son plaisir. Mardi: 20H30 - Mercredi & Jeudi: 19H00 - Vendredi: 20H30 - Samedi: 17H00 et 20H30 - Dimanche: 17H00.

Une adaptation, des comédiens, dont on va garder longtemps la mémoire...

Robert BONNARDOT

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20 février 2020

Critique Savoir vivre à la Française

La mégère adoucie !

 

Agora 1Elle aboie, vitupère, hurle, menace, roule des yeux méchants..la mégère est indomptable et son père bien désespéré de ne la point marier ! Suspense. Allez vite au théâtre assister à l’heureuse issue.

Scène dépouillée marquée de quelques bancs, linge blanc qui pend, on s’imagine dehors sans trop savoir. Deux individus discutent à propos de deux sœurs, une charmante Bianca et une furie Catarina…

La pièce de William Shakespeare, mise en scène et adaptée par Frédérique Lazarini, nous plonge dans les années cinquante autour d’un cinéma ambulant en Italie. Et on prend goût à cette alternance de scènes entre les acteurs devant nous et d’intervalles sur la toile, en noir et blanc. Un rythme qui dynamise la pièce, nous tient en haleine.

Le grand dramaturge passionné par l’Italie, vive Roméo et Juliette !, nous dévoile les désirs d’une femme aux aspirations résolument moderne qui entend bien vivre à sa guise, d’une libre parole, sans contrainte ni mari pesant sur le dos. Elle est rattrapée par son époque et quand un galant se présente, le père ne peut qu’accepter avec grande joie, le mariage de sa terrible fille. Issue inespérée !

Agora 6Et par la fine connaissance psychologique de Shakespeare, la belle héroïne va demander grâce à son mari ! Aux spectateurs de découvrir par quel miracle ?

Quand à la soeur, par un changement d’état, pour finir prévisible, la douce Bianca, elle, se lasse de son calme et gentil époux et devient incertaine et morose.

Ah les mystères du cœur féminin !

Entre cris et rage, baisers torrides et discussions, on se plait à rire et à se laisser distraire par cette comédie originale dans son traitement, mordante, haute en couleurs. Les comédiens, mené par Petruchio alias Cédric Colas et Catarina ou Sarah Biasini sont excellents, servis avec talent par le père, la sœur et les autres comédiens.

Vraiment un bon moment passé grâce à une pièce plaisante dans le fond comme dans la forme !

18 février 2020

Critique AGORA VOX

« La Mégère apprivoisée » émancipée par Sarah Biasini à l’Artistic Théâtre

 

Des bancs de bois alignés de part et d'autre et les uns derrière les autres semblent prolonger les gradins de l'Artistic Théâtre nous rendant spectateurs d'un cinéma ambulant trônant sur une petite place éclaboussée de soleil et ceinte de palissades de draps immaculés sur lesquelles sont épinglées chemises, combinaisons blanches comme neige (chaude et lumineuse scénographie de François Cabanat) et d'où surgiront les comédiens. 

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LA MEGERE APPRIVOISEE
© Marion Duhamel

  

On y respire l'ambiance de l'Italie des années 50-60 et lorsque Sarah Biasini qui interprète le personnage tempétueux de Catarina retirera quelques vêtements qui sèchent, se superposera l'image de Sophia Loren lorsqu'elle étend son linge dans ''Une journée particulière'' d'Ettore Scola.

La mise en scène judicieuse de Frédérique Lazarini - également majestueuse comédienne, elle était flamboyante dans Lucrèce Borgia de Victor Hugo - mêle intrinsèquement différentes périodes et différents styles d'autant qu'elle s'appuie sur le matériau cinématographique de la comédie italienne pour illustrer la pièce de Shakespeare au théâtre (réalisation du film Bernard Malaterre). 

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LA MEGERE APPRIVOISEE
© Marion Duhamel

  

« La Mégère apprivoisée » s'y prête car l'action se déroule à Padoue bien qu'au 16ème siècle. Le tonitruant Baptista se vante d'être l'un des plus riches marchands de la ville. Sa fille cadette Bianca est courtisée par deux soupirants qui se feront passer pour des professeurs de littérature afin de s'approcher d'elle.

Elle ne pourra cependant se marier qu'après les noces de l'indomptable aînée Catarina qui dissuade tous les courtisans. Seul le dénommé Petruchio accepte de relever le défi. Il vient de Vérone (la ville de « Roméo et Juliette ») et s'avère totalement ruiné. Il entreprend de dompter Catarina la tigresse qui sortira ses griffes au grand dam du père. 

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LA MEGERE APPRIVOISEE
© Marion Duhamel

  

Sur le plateau de l'Artistic Athévains, l'épopée burlesque et survoltée de la '' Mégère '' est très resserrée et se joue à cinq personnages alors que d'autres personnages prennent vie dans de piquantes séquences filmées, comme la soeur cadette Bianca (Charlotte Durand-Raucher) et les deux prétendants Hortensio et Gremio jetant à ses pieds d'éprises déclarations.

Des intermèdes savoureux comme la pantalonnade farfelue du mariage sont projetés sur l'écran où se poursuit donc une partie de la pièce, créant un décalage scénique renforcé par le saut effectué à travers des décennies différentes. 

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LA MEGERE APPRIVOISEE
© Marion Duhamel

  

Ainsi, on plonge dans la Commedia dell’arte avec ses fanfaronnades, on croise le personnage de Toto, très en vogue au début des années cinquante, défilent des photos de femmes des années soixante au tempérament affirmé comme La Magnani, la Mangano...faisant parallèle au caractère impétueux de Catarina.

On est dans l’Italie de « la Dolce vita » de Fellini, dans le « Mariage à l'italienne » de Vittorio de Sica, « Le lit conjugal » de Marco Ferrerro....Les époques s'enchevêtrent et les costumes des comédiens s'interchangent, tantôt élisabethains tantôt modernes (costumes Dominique Bourde). 

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LA MEGERE APPRIVOISEE
© Marion Duhamel

  

Dans cette atmosphère italienne joyeuse et exubérante accompagnée de musiques sucrées et sensuelles, les comédiens interprètent la partition avec une ardeur puissante et une vitalité communicative.

Cédric Colas est un Petruchio plein d'énergie, à la verve endiablée, jouant le méchant avec délectation, martyrisant à souhait la fragile et néanmoins robuste Sarah Biasini, qui se défend avec fougue et donne un éclat exquis à Catarina.   

Maxime Lombard au truculent accent est un père à l'obstination bornée ne fléchissant aucunement devant la volonté de marier sa fille aînée avant la plus jeune malgré les suppliques de Lucentio, l'amoureux transi de Bianca joué par Pierre Einaudi. Quant au valet Grumio - Guillaume Veyre - c'est en vrai bouffon qu'il aide son maître à humilier Catarina pour la rendre servile. 

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LA MEGERE APPRIVOISEE
© Marion Duhamel

  

Les scènes de privation sont absolument cocasses. Cependant, lorsque la farouche épouse ravalera sa fierté, rien que parce que son corps crie famine et tombe d'épuisement par manque de sommeil, Petruchio, lui, ayant eu le plaisir sadique de faire plier le réel à son désir, finira par abdiquer devant cette résistance qui cède tout au moins en apparence.

A la fin de la pièce, l’héroïne lit un texte de Virginia Woolf, rendant hommage à la sœur de Shakespeare qui n’a pas existé et n’aurait pas pu faire sa carrière… Frédérique Lazarini assure la revanche de Catarina par cette tirade provocatrice.

Dans cette mise en scène débridée, haletante, réjouissante, la Catarina composée par Sarah Biasini n'est pas une harpie belliqueuse, arrogante et insupportable. Elle est une jeune femme vulnérable qui veut affirmer son identité, revendique le droit à la parole, se rebelle et se dresse contre la prédominance masculine et l'autorité patriarcale.    

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LA MEGERE APPRIVOISEE
© Theothea.com

  

Elle semblera accepter la compromission quand elle trouvera l'homme qui, en fait, est sur la même longueur d'onde qu'elle et qu'entre eux la liaison orageuse se fera jeu amoureux où chacun devient tour à tour l'objet de l'autre. Il suffisait que Petruchio apprenne à Catarina à se faire aimer même si la manière est fort rude pour que celle-ci se décide à aimer également.

C'est frais, tout va très vite, on rit. Humour, jubilation, insolence sont de mise dans cette comédie picaresque réinventée et haute en couleurs.

  
Photos 1 à 6 © Marion Duhamel
Photos 7 & 8 © Theothea.com 

 

LA MEGERE APPRIVOISEE - **.. Cat'S / Theothea.com - de William Shakespeare - mise en scène Frédérique Lazarini - avec Sarah Biasini, Cédric Colas, Pierre Einaudi, Maxime Lombard & Guillaume Veyre - Artistic Théâtre  

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LA MEGERE APPRIVOISEE
© Theothea.com
18 février 2020

Mademoiselle JULIE

 Du 20 mars au 5 avril prochains. Melle JULIE au CADO (Orléans)

melle julie

13 février 2020

Critique TOUTE LA CULTURE

La mégère apprivoisée de Shakespeare adaptée en une pétillante vengeance féministe par Frédérique Lazarini

12 février 2020 | PAR David Rofé-Sarfati

Frédérique Lazarini a adapté (assistée de Lydia Nicaud ) et mis en scène La Mégère apprivoisée de William Shakespeare, pièce elle même adaptée d’un conte populaire. Le résultat, à ne pas rater au Artistic Théâtre Athevains se synthétise en une joyeuse farce à l’italienne délicieusement et caustiquement misogyne. 

Elle a retiré la sous-intrigue façon jeu de l’amour et du hasard qui vient s’entuiler à l’intrigue principale dans le texte original. Elle a permuté l’épilogue en le remplaçant par un manifeste féministe extrait d’une chambre à soi de Virginia Woolf. Elle a ajouté des chansons en italien, des chorégraphies clownesques et quelques accessoires délicieusement anachroniques. Elle, c’est Fréderique Lazarini, magnifique comédienne (récemment dans Qui a peur de Virginia Woolf, et actuellement dans Les témoins de Reuzeau) qui confirme ici son talent de metteuse en scène. Et de direction d’acteur, car le premier plaisir du spectateur consiste en ses joyeuses retrouvailles avec des comédiens à l’impressionnante force burlesque. Cédric Colas, dernièrement dans un désopilant Le Fil à la patte tient par son implication et son alacrité la pièce de bout en bout. La pièce respecte un tel rythme grâce à son jeu exalté et plastique alternant fausse colères à franches rigolades. Il adosse son jeu à la brillante et lumineuse Sarah Biasini, à l’hilarant duo Pierre Einaudi, Guillaume Veyre et au truculent acteur provençal avé accent Maxime Lombard. Charlotte Durand Raucher, elle aussi, qui n’apparaît qu’en video impressionne par sa performance comique.

Tout commence dans une salle de cinéma où, à la suite du prologue, un film en noir et blanc présente l’ensemble des personnages et pose l’intrigue. Tout est organisé avec précision en vue de bâtir un show festif. La mécanique émerveille, les gags fonctionnent, les adresses au public nous embauche. La pièce ressemble à une farce populaire à la Molière ou à la Goldoni, devient un Shakespeare à la plume trempée dans l’ancien écrivain de théâtre lubrique John Ford. Nous sommes emportés dans une clownerie de cirque doublée d’une pièce pastiche. Le public, qui ne ment jamais glousse souvent, rit beaucoup d’un rire clair.

L’intrigue se résume facilement. Pour respecter l’ordre de la bienséance, un père doit marier sa fille aînée avant la cadette, sauf que celle-là est une mégère.  Profondément insoumise, résolument moderne avant la lettre, la Mégère apprivoisée revendique le droit à la parole et à une certaine liberté. Dans les années 50 en Italie, Catarina ne se laisse pas faire. Elle est en rébellion contre toutes les autorités patriarcales de son temps. Le malicieux prétendant Pétruchio (Cédric Colas) saura seul la dompter à force de privations et de sévices. Shakespeare se place du coté des hommes et à la fin de sa rééducation, Catharina dans une tirade qui nous apparaît hallucinante aujourd’hui clamera sa soumission consentante à son mari.

Les rire redoublent devant une telle misogynie. Mais la farce imaginée par Frédérique Lazarini est construite pour ridiculiser les hommes et, en guise d’épilogue, la comédienne, son rôle tenu et conclu, se dresse au proscenium devant nous pour clamer quelques ligne de Virginie Woolf. Épatant. Par ce  geste, la pièce se transforme en un manifeste anti-machisme.

12 février 2020

Critique ON-ZEGREEN

Frédérique Lazarini prend le pari audacieux de rapprocher Shakespeare et le cinéma italien des années 50.

 

Frédérique Lazarini, qui met en scène La Mégère apprivoisée de William Shakespeare, fait un choix singulier en mélangeant séquences filmées et comédiens endossant leur rôle spécifique. Très vite l’intérêt de la pièce va se déplacer sur un personnage féminin dont le comportement violent, acariâtre, survolté, va en quelque sorte conditionner tout le déroulement de la pièce. Il s’agit de Catarina, la fille aînée de Baptista, dont le caractère bien trempé donne des cauchemars à son père qui n’a qu’une idée en tête : lui trouver coûte que coûte un mari. Un personnage va heureusement permettre ce miracle : il s’agit de Lucentio, amoureux de la fille cadette Bianca. Celui-ci ne peut obtenir la main de celle-ci que si l’aînée trouve un mari, donc Lucentio doit à tout prix découvrir un prétendant pour Catarina. Aussi lorsque Lucentio fait miraculeusement la connaissance de l’homme providentiel, Petruchio, il sait que son rêve d’épouser Bianca va ainsi se transformer en réalité. Petruchio va sans tarder faire une cour effrénée à la terrible Catarina, bien décidé à mater cette tigresse. Sa méthode pour arriver à ses fins se révèle fort peu orthodoxe, soumettant la malheureuse Catarina à de rudes tourments. Elle va ainsi subir de terribles contraintes de la part de Petruchio, bien décidé à dompter un animal rétif qu’il se fait fort de ramener à la raison. Après un mariage mouvementé obtenu au grand soulagement du père de la mariée, le pugilat entre les deux époux va s’amplifier mais va finalement tourner à l’avantage de Petruchio, intraitable, impitoyable et parvenant à métamorphoser sa tigresse en toutou docile, abdiquant toute velléité de résistance face à un mari aussi décidé à la vaincre. Paradoxalement, c’est Lucentio dorénavant marié à Bianca, sœur cadette de Catarina, qui va commencer à avoir des ennuis avec son épouse dont les états d’âme semblent fluctuer, émettant des doutes quant à son amour indéfectible à l’égard de son mari. Dans cette pièce, William Shakespeare rend donc un hommage appuyé à la combativité féminine refusant la suprématie machiste.

Saluons l’interprétation particulièrement vive et fulgurante de Sarah Biasini, campant idéalement Catarina, alors que Cédric Colas incarne avec une fausse désinvolture et une insolence inouïe le rôle de Petruchio. Ne négligeons pas le reste de la distribution incarnant avec efficacité les autres personnages de la pièce. Frédérique Lazarini, qui met en scène cette Mégère apprivoisée de William Shakespeare, parvient, malgré une simple adaptation du texte original, à restituer à sa façon un certain esprit du théâtre élisabéthain.

Texte de Michel Jakubowicz

 

 

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