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Sarah Biasini comédienne

7 novembre 2014

Fondation de France - Nice le 27/10/2014

Lecture-des-Testaments-litteraires-a-l-hotel-Le-Negresco-de-Nice

Le lundi 27 octobre, la Fondation de France organisait une soirée lecture à l’hôtel Le Negresco de Nice en hommage aux centaines de personnes – anonymes ou célèbres - qui lèguent tout ou partie de leur patrimoine à la Fondation de France.

« Si nous vous avons conviés ce soir, à la veille de la Toussaint, période de recueillement, de mémoire et de transmission, c’est pour leur rendre hommage. Parce que faire vivre la mémoire est un acte précieux. C’est perpétuer l’œuvre d’une vie. » annonçait Cécile Malo, déléguée régionale de la Fondation de France, en guise de mot d’accueil à la centaine d’invités présents.

De Philippe Delerme à Irène Frain et Catherine Cusset, des auteurs se sont livrés, à la demande de la Fondation de France, à un exercice de style tout particulier : l'écriture des testaments fictifs de leurs héros littéraires favoris.

Les comédiens Sarah Biasini et Olivier Sitruk ont accepté en toute simplicité de prêter leur voix et leur talent pour donner vie à ces textes.

Tour à tour, ils nous ont fait partager avec brio, humour et sensibilité les dernières volontés d'Alice au pays des Merveilles, d’Augustin Meaulnes ou d’Anna Karénine, mais également celles, imaginées par les élèves du lycée Les Eucalyptus à Nice, du Vicomte de Valmont (par Thierry Maurel), de Gavroche (par Taoufik Abdelhamid et Bader Benrajah) et du Chêne (travail collectif classe de première MVA1).

En effet, nous avons proposé à ces lycéens, accompagnés par leur professeure de français Mme Géhin, de participer à cette réflexion sur la transmission de son patrimoine et de ses valeurs. A l'instar des écrivains professionnels qui ont prêté leur talent à la Fondation de France, ils ont été invités à écrire les testaments de leurs héros favoris, des personnages du patrimoine littéraire, de cinéma ou encore de bande dessinée

 

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4 novembre 2014

sarahphoto

4 novembre 2014

pour Toi

klimt

3 novembre 2014

Interview FEMINA

 

Rencontre avec Sarah Biasini, la fille de Romy Schneider

Femina_45_Sarah_Biasini_01

Comme ma mère, je suis quelqu’un d’enflammé, d’excessif, d’hypersensible. Je suis exigeante vis-à-vis de moi et des autres. © AFP Photo/Valery Hache

Laissez-moi garder quelques souvenirs rien que pour moi! Je ne veux plus parler de mon enfance. On me la rappelle sans cesse...» La conversation à peine amorcée, Sarah Biasini se contracte au bout du fil. La fille de l’inoubliable Romy Schneider se rebelle devant l’intrusion. Qui oserait la blâme r? «J’avais 3 ans lorsque David mon frère de 14 ans a trouvé la mort et 4 ans et demi quand ma mère est décédée, je n’ai que des flashs, des impressions qui s’estompent.» Sur la défensive, la jeune femme respire fort, soupire… On ne l’entend plus. Silence sur la ligne. A-t-elle raccroché? «Non, j’irai jusqu’au bout de cette interview!» reprend-elle avec véhémence. «Mais je n’ai pas envie de parler de ça. Tout a été trop dit, trop raconté. Ne me prenez plus rien! J’en ai assez souffert.»

 

Sarah Biasini est franche, spontanée, elle parle comme elle vit. Cela a l’avantage de poser le dialogue, même s’il est tendu, douloureux. «Oui, je pense tenir ce trait de caractère de ma mère. C’était une passionnée de la vie, des gens et elle avait un désir d’absolu dans tout ce qu’elle entreprenait. Alors j’en ai assez qu’on la décrive comme une femme malheureuse et abandonnée. Ma mère était tout le contraire. Elle a juste vécu une vie de femme. Avec ses joies et ses douleurs terribles. Mais aussi ses bons moments»… Et Sarah de laisser ses «flashs», comme elle dit, remonter de sa mémoire à ses lèvres. «Je me souviens de ces déjeuners du dimanche dans la maison de mes grands-parents paternels, à Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines. Il y avait un grand jardin. On y allait tous les week-ends avec mon frère, mon père et ma mère, et on s’attablait autour du gigot. Mes parents avaient deux bergers allemands. Plus tard, j’ai eu un chien moi aussi. Un petit bâtard, «Goldie», je l’adorais.»

 

De ses grands-parents, qui après la mort de sa mère l’ont élevée avec son père, Daniel Biasini, elle raconte: «Ils m’ont abreuvée de souvenirs! J’avais peur qu’ils se mettent à pleurer, mais ils arrivaient à l’évoquer sans larmes. J’admire leur force morale et la délicatesse qu’ils avaient pour m’en parler. Je suis toujours très proche d’eux. Ils l’ont côtoyée pendant une dizaine d’années, l’ont vue rire et bien manger, jouer aux cartes ou regarder un Grand prix de formule 1 après le déjeuner dominical. Elle a été heureuse.»

 

Sa mère, elle s’en souvient, avait deux passions: son métier et sa famille. «Interpréter des rôles, faire passer des émotions, puis rentrer chez elle et s’occuper de nous. C’était ça, sa vie... Moi aussi, j’aimerais avoir des enfants, enchaîne la comédienne. Je me sens prête. Réussir ma vie privée est la chose la plus importante à mes yeux. Je serais tout à fait capable de mettre ma carrière entre parenthèses pour m’occuper d’eux!» On entrevoit comme un accent d’enthousiasme dans sa voix. Mais sur l’homme qui partage sa vie, Sarah Biasini ne dira rien. Elle est amoureuse, c’est tout. Et admet au passage avoir suivi une analyse pendant trois ans «pour ne pas transmettre mes névroses, pour m’en débarrasser». Flottant entre lumière et abîme, elle est prête à se réjouir du futur, mais en domptant ses souterraines inquiétudes. «Comme ma mère, je suis quelqu’un d’enflammé, d’excessif, d’hypersensible. Je suis exigeante vis-à-vis de moi et des autres. Dans la vie, je n’aime que les sensations fortes».

 

Très complice avec son grand frère

 

La petite Sarah a 1 an lorsque les relations entre Romy et Daniel Biasini se dégradent. Ils divorcent début 1981. La fillette vit à Paris avec sa maman et son frère David. Jusqu’à ce terrible dimanche de juillet, cinq mois plus tard, où David meurt de façon tragique (empalé sur le portail des grands-parents, ndlr). «Vous croyez qu’on dit à une enfant de 4 ans et demi que son frère qu’elle adorait est mort? Bien sûr que non! A cet âge on ne sait pas ce que signifie la mort. On m’a dit qu’il était parti en vacances avec des copains. Ma mère a voulu me ménager. Mais moi, je me rendais compte de son absence qui se prolongeait. Un jour, j’ai pris le téléphone et j’ai crié: «Bon, David, ça suffit les copains, tu rentres maintenant!»

 

Et la jeune femme d’enchaîner: «Je me souviens de ma chambre, dans la maison de mes grands-parents. Il n’y avait pas de posters, je n’avais pas non plus de doudou. Mais je lisais beaucoup. «Les malheurs de Sophie», «Les contes de la rue Broca», les contes de Perrault: tout à haute voix! J’avais besoin de dire les choses, de jouer des personnages et de mettre le ton». Une adolescente solitaire, alors? «Pas du tout! J’avais beaucoup d’amis et j’étais une fille très joyeuse. Avec mes copains, on écoutait Michael Jackson, dont j’étais fan, Whitney Houston, Eric Clapton et Elton John.»

 

A 8 ou 9 ans, la petite fille collectionne les pubs de marque Absolut Vodka – «je trouvais le graphisme intéressant». A la même époque, elle se met au piano. «Je n’ai pas croché aux cours, mais l’idée de créer m’intéressait. Je me rêvais musicienne, sculptrice, architecte, peintre! J’ai aussi fait de la danse classique. Je m’intéressais à tout ce qui ne me mettrait pas en concurrence avec ma mère. Il ne fallait pas me parler du métier d’actrice! Il m’arrivait aussi de questionner mon père sur son métier de reporter, avant ma naissance, quand il allait au Liban, au Paraguay ou en Angola. Au fil de ses récits, je ressentais les passions qu’il avait pu vivre, les risques qu’il avait courus…» De cette enfant qu’elle a été, entre 5 et 15 ans, Sarah dit qu’elle était «plutôt épanouie». «J’ai vu plusieurs films de ma mère, dont «César et Rosalie», qui est mon préféré car elle y est heureuse. Avec mes grands-parents, j’adorais aussi regarder les comédies de Louis de Funès...» Au bout du téléphone, la jeune femme se détend. «Ce n’est pas au cours des premières années qu’on souffre le plus de l’absence, confie-t-elle. J’étais très entourée par mon père, qui m’a apporté tout l’amour du monde et dont je tiens un certain esprit de dérision, peut-être une part de cynisme. Et puis j’ai créé une relation mère-fille avec ma grand-mère. C’est plus tard que vient le manque d’une relation plus adulte entre deux femmes…»

 

Petite, elle s’est tôt rendu compte que sa mère était un personnage public. «Après sa disparition, je me souviens des paparazzis qui me guettaient quand mon père m’emmenait à l’école.» Pour qu’on laisse sa fille grandir tranquille, Daniel Biasini accepte de faire une fois par an un article pour «Paris Match». «On me voyait m’exercer au tir à l’arc, nager... mais tout était mis en scène pour rassurer les gens. Moi je n’étais pas très sportive, je m’intéressais à la peinture.» Après son bac, elle entame des études en histoire de l’art. «Je voulais devenir restauratrice de tableaux. Aujourd’hui, j’aime toujours la poésie et les couleurs de Klimt, le côté obscur du corps humain vu par Egon Schiele ou les préraphaélites. Mon père me répétait: «Fais ce dont tu as vraiment envie et sois heureuse. Laisse-toi rêver.» C’est en parlant avec lui, à 24 ans, que je me suis sentie à un carrefour. J’avais lutté toute mon adolescence contre l’envie d’être actrice. Mais c’était là, en moi… Alors j’ai basculé! Je suis partie deux ans à Los Angeles, chez mon oncle. J’ai pris des cours à l’Institut Lee Strasberg et j’étais auditrice à l’Actor’s Studio. Là-bas, je pouvais dire que ma mère était actrice sans susciter la curiosité.»

 

Au bout d’une heure de conversation, on sent le jeune femme esquintée. Quel est, aujourd’hui, son but dans la vie? «Transformer tout ce que j’ai vécu, le rendre utile. Que cela devienne une force plutôt qu’une faiblesse. Je rêve d’une vie pleine d’amour et de rencontres...»

 

Curriculum vitae

 

1977 Sa naissance le 21 juillet à Gassin, près de Saint-Tropez.

 

1981 Décès accidentel de son frère David, à 14 ans, le 5 juillet.

 

1982 Le 29 mai, à Paris, mort de sa mère Romy Schneider, à 43 ans.

 

2004 Son premier rôle dans «Julie, chevalier de Maupin», (TF1) à 27 ans.

 

Questions d’enfance

 

Une manie Toute petite, je ne suçais pas mon pouce, mais toujours deux doigts, l’index et le majeur.

 

Un jouetJe n’en avais pas un en particulier qui me tenait à cœur. Rien ne me paressait indispensable. Mais j’aimais jouer avec mes Barbie.

 

Un dessert enchanteur Sans hésitation: les profiteroles au chocolat! J’adorais aller avec mon père dans un restaurant qui les faisait divinement. Autrement, j’ai toujours un gros faible pour le riz au lait de ma grand-maman, dans les Yvelines.

 

Un légume détesté Les endives cuites, parce qu’elles sont trop amères.

 

Un plat adoré Les pâtes au beurre et au ketchup! C’est simple et tellement bon. Mes grands-parents m’en préparaient souvent pour me faire plaisir.

 

La phrase que l’on me répétait et qui m’agaçaitLe  «Tiens-toi droite!» rabâché aussi bien par mon père que par mes grands-parents.

 

Un vêtement dont j’étais fière Un sweater noir avec l’inscription «Thriller», sixième album culte de Michael Jackson. Je devais avoir 8 ou 9 ans et je le mettais tout le temps.

 

L’héroïne qui m’a fait rêver Wonder Woman, la superhéroïne de la série américaine éponyme. Elle était interprétée par Linda Carter en tenue très sexy, avec un diadème sur la tête. J’aimais bien aussi la série «Drôles de dames», avec Farrah Fawcett. Ce qui me plaisait, c’était les histoires marrantes et aventureuses.

 

Un souvenir qui l’attendrit encore On me l’a raconté, car je dormais. J’avais 8 ans et j’étais en vacances près de Rome. Il paraît que Marcello Mastroianni est venu me caresser les cheveux et déposer un baiser sur ma joue… Aujourd’hui encore, une caresse sur la joue signifie pour moi un geste d’amour.

 

Les films de sa mère qu’elle a regardés enfant  J’ai vu tous les «Sissi». Puis je les ai un peu moins regardés. C’est un plaisir qui peut vite se transformer en mélancolie.

 

 

 

Anne-Catherine Renaud
3 novembre 2014

Elle est là dehors, malgré le froid polaire,

Elle est là dehors, malgré le froid polaire, coiffée d’une toque, prête à griller une cigarette. Souriante, les yeux brillants comme lorsqu’elle joue la passion sur la scène du théâtre des Mathurins. Sarah Biasini, les mêmes initiales que Sarah Bernhardt,  joue Zweig et ça lui va drôlement bien- donner vie aux mots de cet auteur qui décrivit mieux que quiconque les destins d’hommes et de femmes. De ceux qui vous broient comme dans la nouvelle adaptée au théâtre par Christophe Lidon, Lettre à une inconnue. Une passion pour un homme jamais avouée, une amoureuse oublieuse d’elle même qui enfin, lui raconte dans une lettre son amour magnifique et secret. Et qu’ elle vient de perdre leur unique et jeune enfant. Sarah, elle, a perdu sa mère à quatre ans et demi. Une mère qui s’appelait Romy Schneider et à laquelle le haut de son visage rend merveilleusement hommage. La mâchoire elle, est plus carrée, volontaire, et semble taillée pour mordre dans la vie. Ce dont elle ne se prive pas, jouant sur les planches après avoir longtemps hésité à être comédienne- pas vraiment convaincue que ce serait une bonne idée. A la voir s’abandonner et nourrir son personnage de sa propre félure qu’elle semble avoir si  bien apprivoisée, on est heureux qu’elle ait fait ce choix. Et d’être là dans ce café de l’autre côté du Théâtre, face à elle, pour profiter de cette énergie solaire mais délicate qu’elle dégage, une petite heure avant la représentation du soir.

Comment vous sentez-vous  avant d’entrer en scène?

Un quart d’heure avant, le trac arrive; j’écoute alors de la musique live pour me mettre dans l’énergie. Je trouve ça inspirant pour être ensuite prête.

La musique, justement,  couvre notre conversation, elle me demande alors si elle veut que je baisse la musique, un peu chez elle dans ce café où elle tutoie le serveur. Et éclate de rire devant mon temps de réponse.

La lassitude? (elle joue la pièce depuis l’an dernier) Non, parce que c’est un texte magnifique; il y aura toujours des femmes qui aimeront en cachette un homme à la folie, il y aura toujours malheureusement des femmes qui perdront un enfant, donc c’est universel. C’est la troisième fois que je travaille avec ce metteur en scène et au départ, je me suis dit que ce n’était vraiment pas gai et puis finalement ça c’est fait et je suis très contente.

Quel est votre rapport à l’image?

Ça ne m’intéresse pas, je m’en fous. Maintenant voir les gens les larmes aux yeux au salut quand on a finit de travailler, j’adore. Non, c’est vrai que je l’ai cherché, personne ne m’a obligé à monter sur scène; il y a plein de moments où je me dis que j’aurai pu faire autre chose comme restaurer des tableaux, être antiquaire, peintre. Femme au foyer ça me va bien aussi, je pourrais très bien rester à m’occuper de chez moi. Et puis, je ne veux pas trop savoir quelle image j’ai, en fait, certainement cela me fait un peu peur, ça m’empêcherait de faire des choses.

Vous a -t’on déjà interviewé sans évoquer votre mère?

Si vraiment je n’avais pas voulu qu’on m’en parle, il ne fallait pas que je fasse ce métier! Personne ne m’a forcé, c’est moi qui ai voulu y aller, et puis c’est bien normal que l’on me parle d’elle. De toutes les façons, vous pouvez me poser toutes les questions que vous voulez, je verrai bien ce que je vous répond! Je ne laisserai pas d’affect passer.

Vous avez fait l’Actor’s Studio à Los Angeles, quels souvenirs en gardez vous?

La théorie sur le théâtre ça n’existe pas. En tout cas, je suis bien meilleure maintenant que lorsque j’ai commencé! Ça m’a appris à utiliser “qui on est” pour jouer quelqu’un d’autre, mais tout ça, en fait  c’est très mystérieux. Il faut avant tout bien se connaitre, savoir où aller chercher dans les moments où on allait pas bien, même si je suis persuadée qu’ il faut aller bien, pour bien jouer. Le truc d’aller très mal, ça peut marcher mais les moments de pur bonheur sont tout aussi inspirants que le caniveau.

Vous voyez le danger dans cela?

Dans cette pièce, c’est vrai que je pense à des choses pas gaies, forcément;  hier, par exemple pendant dix minutes j’aurai pu continuer à pleurer. Mais bon, tout va bien dans ma vie! Et puis je fais exprès de désacraliser-le seul truc, c’est qu’il faut être sincère. Il faut croire en ce que vous dites, c’est ça la méthode.

Et vous trouvez cela plus facile au théâtre qu’au cinéma?

Pour moi, c’est plus facile. La caméra me fait peur car je n’en ai pas l’habitude. Au théâtre, vu que je joue tous les soirs, je suis plus à l’aise. Et puis surtout, il y a l’adrénaline et le plaisir de jouer chaque soir une heure sans s’arrêter. D’autant que le public est à chaque fois différent; on ne joue jamais de la même façon, on fait à chaque représentation des micro-différences qui auront été pour nous énormes. Mon partenaire, Thomas Cousseau,  est totalement dans le jeu, alors c’est très agréable. Pour le cinéma, il faudrait que je trouve un metteur en scène très patient car  j’ai l’impression que le moindre mouvement de sourcil va dire quelque chose alors,  moi qui bouge beaucoup ! Je m’entraîne certains soirs à ne plus bouger. Quoiqu’il en soit, vous dépendez du désir des autres, ce n’est donc pas très facile…être là, à attendre et se dire que l’on ne vaut rien ; ce n’est que vous que vous vendez, votre savoir faire, c’est vous.

Quelle est votre relation avec cette idée de destinée chère à Stefan Zweig?

Pour moi, il n’y a rien après la vie, mais c’est joli de se laisser tenter. J’aime bien y croire, c’est plus sympa. Du coup, on essaye de ne pas trop banaliser les choses comme par exemple, monter sur scène. Il n’y a rien de plus important pendant une heure. En plus, mon personnage donne à tout une saveur exceptionnelle puisque c’est la dernière fois. C’est pour cela que j’en profite, un texte comme cela, je n’en aurai pas tous les jours! En début de semaine, il y a un peu moins de monde, mais ce n’est pas grave. C’est moins excitant mais il faut jouer, les gens ont payé. Du coup, comme on a moins peur, on essaye plus de trucs. Mais ça ne rend pas la chose moins importante. On se délecte par ailleurs avec Thomas du silence qui est très perceptible et de l’attente. Quand j’ai commencé à voir ça, j’avais encore plus de plaisir à prendre des temps. Une, deux, trois secondes de silence au théâtre, ça parait très long. On a alors vraiment l’impression que le public est là, que l’on pourrait rester encore plus longtemps dans le silence et ça c’est génial. On vous tient dans la main. Maintenant, même si j’ai vu beaucoup d’hommes qui pleurent dans la salle, il y a aussi ceux qui ont été trainés là par leur femme. Ou les gens qui veulent prendre un bonbon là tout de suite.

Elle regarde tout d’un coup son portable. Ouh la la mais il faut que j’y aille! me dit-elle gaiement. La toque est oubliée. Elle revient. Puis disparait. Sarah est partie en scène, rire et pleurer une heure durant. Et sans doute vivre un peu plus intensément, avec l’idée que brûler les planches peut se faire sans que le prix en soit exorbitant

 

Laeticia Monsacré

 

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3 novembre 2014

Magazine THEATRAL n°50

theatral

2 novembre 2014

Mademoiselle prend déjà la pose !

retsarah

30 octobre 2014

Excellent souvenir : BASH

23 octobre 2014

coelho1

23 octobre 2014

Critique La Dépêche

sarahlettre

 

Toute la puissance du texte de Stefan Zweig enveloppait le public du théâtre de Cahors mercredi soir au sein de petits papiers. «Lettre d'une inconnue» annonce les thèmes favoris de cet illustre auteur, la passion et ses tourments, la folie et le renoncement. En somme, les ingrédients d'une tragédie. C'est sans doute cet élément qui a permis à Christophe Lidon d'adapter la nouvelle au théâtre. Un écrivain volage lit une lettre dans laquelle s'engouffre Sarah Biasini. Elle incarne alors ses propres fantasmes et ses souvenirs d'enfant puis de femme qui idolâtre cet homme de lettres. Le décor est minimaliste : des ampoules luisent fébrilement et servent à créer une dose suffisante d'intimité. Assez pour tenter de comprendre comment cette femme, maîtresse de sa propre destruction, s'inflige de rester une simple anonyme aux yeux de son amant, même une fois mère de leur enfant.

Sarah Biasini possède la scène, haletante oscillant entre ivresse et tristesse. Son phrasé enfantin, ironique, brûlant, ou accablé emmène le spectateur dans son univers fait de fanatisme et de souffrance. La lettre s'anime par le lien élastique qui unit les personnages, parfois si proches puis soudainement distants. L'écrivain campé par Frédéric Andrau est cantonné au rôle d'un lecteur figé entre sentiment de culpabilité et d'impuissance. Son interprétation du texte est plus linéaire, parfois très froide, peut-être pour marquer le désarmement d'un homme confronté à une telle déclaration, creusant encore l'antinomie des personnages. Le suspens de Zweig agit subrepticement au fil de la pièce, les mots se tordent avec fatalité jusqu'à la chute aussi annoncée que brutale. Venus échanger avec le public après la pièce, le duo d'acteur est resté assez discret sur sa préparation. Les détails sont pourtant réglés au millimètre, comme cette bretelle de déshabillé qui ne cessent de glisser des épaules de Sarah Biasini lorsque son personnage se met à nue. L'actrice confie qu'elle a dû épuré son jeu au fil des représentations. Si on décèle quelques automatismes, sa performance, subtile malgré un texte si abrupt, a indiscutablement troublé l'audience.

source : http://www.ladepeche.fr/

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