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Sarah Biasini comédienne
7 décembre 2008

l'Affaire CALAS

Dans l'Antichambre, Julie de Lespinasse raconte ce qui fut l'affaire Callas. Cette histoire est réelle. La voici :

Jean Calas, marchand lingier, né le 19 mars 1698 à Lacabarède (Tarn), habitait au 16, rue des Filatiers (aujourd'hui n° 50) à Toulouse.  Le 13 octobre 1761, son fils aîné, Marc-Antoine, se pendit dans la boutique familiale. Ne voulant pas qu'il soit considéré comme suicidé et subisse des obsèques infamantes, la famille Calas n'indiqua pas tout d'abord aux autorités les circonstances exactes de sa découverte et prétendit avoir trouvé le malheureux étranglé.

Mais les Calas étaient protestants et cela suffit pour que le capitoul David de Beaudrigue, convaincu par des rumeurs de voisinage alléguant la volonté de Marc-Antoine de se convertir au catholicisme, exige un complément d'enquête et fait soumettre Jean Calas à la question. La torture a été infligée à Jean Calas après le verdict du procès par le parlement de Toulouse.

Le parlement de Toulouse le condamne à mort le 9 mars 1762, sans que le jugement soit motivé. Le malheureux Calas est condamné au supplice de la roue. Il subit la question, longue séance de torture mais n'avoue rien. Il proclame son innocence. Roué place Saint-Georges, Jean Calas est étranglé puis brûlé deux heures plus tard.

Exilé, Pierre, un autre de ses fils, rencontra Voltaire à Genève. Convaincu par Pierre de son innocence, il forma un groupe de pression avec ses amis et utilisa son ironie corrosive pour que justice soit faite.

Afin de parvenir à la révision du procès, Voltaire publia, en 1763, l'ouvrage Traité sur la tolérance à l'occasion de la mort de Jean Calas tandis que la famille avait obtenu un entretien à Versailles auprès de Louis XV. Le capitoul, c'est-à-dire l'officier municipal de Toulouse, qui avait largement contribué à monter les fausses accusations contre Calas, fut destitué. En 1765, Voltaire réussit à faire réviser le procès et à obtenir un arrêt qui déclarait Calas innocent et réhabilitait sa mémoire

Telle fut et reste l'histoire de Jean Calas, marchand lingier de Toulouse.

calas

Quelques écrits de Voltaire sur l'affaire :

«J'en suis tout hors de moi : je m'y intéresse comme homme, un peu même comme philosophe. Je veux savoir de quel côté est l'horreur du fanatisme.
Oserais-je supplier votre Éminence de vouloir bien me dire ce que je dois penser de l'aventure affreuse de ce Calas, roué à Toulouse pour avoir pendu son fils ? Cette aventure me tient au cœur ; elle m'attriste dans mes plaisirs, elle les corrompt.» (Lettre au cardinal de Bernis, 25 mars 1762)

«Je suis persuadé plus que jamais de l'innocence des Calas et de la cruelle bonne foi du Parlement de Toulouse qui a rendu le jugement le plus inique sur les indices les plus trompeurs ». (21 juin 1762)

« Il est avéré que les juges toulousains ont roué le plus innocent des hommes. Jamais, depuis la Saint-Barthélemy, rien n’a tant déshonoré la nature humaine. Criez et qu’on crie ! »

« Nous versions des larmes d'attendrissement, le petit Calas et moi. Mes vieux yeux en fournissaient autant que les siens. C'est pourtant la philosophie toute seule qui a remporté cette victoire. Quand pourra-t-elle écraser toutes les têtes de l'hydre du fanatisme ? »

voltaire

Il me faut toutefois rappeler que Voltaire fut tout d'abord assez sceptique et employa un ton des plus badin dans un courrier daté du 22 mars 1762 (écrit au conseiller Le Bault). En voici le contenu :

« Vous avez entendu parler, peut-être, d’un bon huguenot que le Parlement de Toulouse a fait rouer pour avoir étranglé son fils. Cependant, ce saint réformé croyait avoir fait une bonne action, attendu que son fils voulait se faire catholique et que c’était prévenir une apostasie.

« Il avait immolé son fils à Dieu et pensait être fort supérieur à Abraham, car Abraham n’avait fait qu’obéir ; mais notre Calviniste avait pendu son fils de son propre mouvement et pour la satisfaction de sa conscience. Nous ne valons pas grand’chose, mais les huguenots sont pires que nous et, de plus, ils déclament contre la comédie. »

L'affaire Callas eu pour conséquence immédiate la suppression d'une fête toulousaine qui célébrait les massacres de 1562. De plus, elle fut bénéfique à tous les protestants français, contribua à jetter un discrédit sur le système judiciaire et permis à des "idées de tolérance" de se répandre dans la population.

« Criez, je vous en prie, et faites crier. Il n’y a que le cri public qui puisse nous obtenir justice. »

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