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Sarah Biasini comédienne
13 mai 2009

Interview sur PREMIERE.FR

Sarah Biasini, une comédienne vibrante

La jeune comédienne retrouve son rôle de Julie De Lespinasse dans L'ANTICHAMBRE de Brisville, mise en scène par Christophe Lidon. Une rencontre placée sous le signe du charme et de la spontanéité…

Propos recueillis par Dimitri Denorme

Qu’est-ce qui vous a séduite dans cette pièce ?

Le texte de Jean-Claude Brisville aborde une période passionnante avec une authenticité historique. La pièce est agréable à lire parce qu’elle offre plusieurs niveaux de lecture. « L’Antichambre » est au départ une belle histoire d’amour, presque filiale, entre Julie et la marquise. Ces deux femmes se trompent, se manquent et ne se trouvent pas malgré leurs points communs. Bien sûr, quand la marquise du Deffand accueille Julie, elle ne le fait pas par bonté d’âme. Elle voit de moins en moins et a besoin d’une lectrice. Il y a de très beaux moments entre elles, où elles sont totalement en phase et se renvoient la balle avec la même repartie. Et juste après ces moments d’amour et de partage survient la claque. Et puis, j’adore jouer en costume. La comédie est le seul métier qui permette de voyager dans le temps… On peut se retrouver à la cour de Versailles ou bien encore s’inviter dans un salon du siècle des lumières. Ce serait dommage de s’en priver !

Votre personnage passe de la fougue de la jeune fille candide à l’assurance de la femme déterminée. Cette double partition doit être un régal à jouer…

Tout au long de la pièce, il y a des rendez-vous qui marquent cette évolution à la fois douce et subtile. On a beaucoup travaillé dessus avec Christophe Lidon. Au cours des tableaux, mon personnage gagne en assurance et sa pensée évolue progressivement. C’est vraiment très plaisant et je ne m’en lasse pas. Jouer cette pièce sur la durée est un beau cadeau. Il est évident que plus on joue, mieux on le fait. Le propos, la pensée… tout devient plus naturel, plus évident, même si, paradoxalement, on n’a jamais fini de progresser.

Christophe Lidon signe la mise en scène du spectacle. Qu’appréciez-vous dans son travail ?

Il est génial dans la direction d’acteurs ! Il a une manière intelligente et sensible de parler des personnages et d’expliquer les enjeux qui fait que tout devient limpide. Cela vient sûrement du fait qu’il a été acteur. On n’a qu’à se laisser porter. Et lorsqu’il n’arrive pas à obtenir ce qu’il veut de nous, il n’hésite pas à se servir de situations de notre quotidien. Il est à la fois très observateur et bienveillant. Pendant les répétitions, j’avoue avoir tenté de le contredire, de me faire l’avocat du diable, par pur plaisir de la discussion. Mais comme j’étais souvent à bout d’arguments, je cédais !

Comment est né votre désir d’être comédienne ?

J’ai toujours pensé que le choix de la profession est primordial car il est révélateur de la personnalité. C’est par lui qu’on se définit. C’est peut-être pour cela que j’ai très vite étouffé mon désir inconscient de jouer la comédie. Je trouvais que c’était très cliché d’avoir le même métier que sa mère. Alors j’ai essayé me persuader qu’il y avait autre chose. Mais à la fin de mes études, j’ai senti que si je devais changer de direction, il ne fallait pas tarder. J’ai toujours eu besoin de me sentir au pied du mur pour prendre une bonne décision ! Et à 24 ans, c’était le bon moment ! Finalement, je ne regrette pas d’avoir fait ce choix si tard. Je pense que je n’aurais pas pu l’assumer plus tôt. En fait, j’avais très peur à la fois du regard des autres et de me retrouver à 35 ans à me dire : « Tu te rends compte, t’as loupé ta vie ! »

Qu’est-ce qui vous fait vibrer au théâtre ?

On n’a jamais fini de réfléchir à cette question… Le théâtre, c’est avant tout une multitude de sensations. Pendant la représentation bien sûr, mais aussi avant et après… Il y a le stress, le trac avant l’entrée en scène. A la sortie, deux possibilités : soit on se dit qu’on a été en dessous, ou qu’on s’est carrément loupé, et là, on ne rêve que d’une chose, c’est de changer de nom, de changer de métier, bref, de disparaître. Et puis il y a des soirs où il se produit ce que j’appelle un petit miracle. Alors là, c’est extraordinaire ! On est le roi du monde. Un peu comme si on était Obama, Einstein et Mandela réunis ! On a l’impression de dominer sa vie et on ressent une incroyable assurance. Même si on sait que tout cela nous échappe un peu… Dans les deux cas, les sensations sont d’une force prodigieuse.

Pour vous, la vérité d’un comédien réside-t-elle sur les planches ?

Ce qui me préoccupe le plus, c’est de me sentir totalement libre sur scène. Au théâtre, tout est plus grand. On est exposé en hauteur, on parle plus fort… Il faut savoir passer au-dessus de toutes ces contraintes. C’est très paradoxal : s’affranchir du regard des autres alors que, en même temps, on est là pour eux. Il faut dépasser toutes ces angoisses pour pouvoir ressentir sa pleine liberté d’acteur. On sent tout de suite ceux qui le sont, ils sont automatiquement bons. Même si cette liberté est le fruit de trois mois de travail qui ne se voit plus. Au final, le vrai talent, c’est la liberté !

http://spectacles.premiere.fr/pariscope/Theatre/Exclusivites-spectacle/Interviews/Sarah-Biasini-une-comedienne-vibrante/(gid)/1793080

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