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Sarah Biasini comédienne
5 juin 2011

Paris-Match

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La fille de Romy Schneider s’enflamme dans le rôle d’une héroïne de Stefan Zweig. Et brûle les planches du théâtre des Mathurins.

Alain Spira - Paris Match

Une gamine de 13 ans tombe amoureuse de son voisin comme on chute dans un gouffre sans fin. Sa vie durant, elle idolâtrera cet homme sans jamais lui avouer sa passion. Au seuil de la mort, alors que son enfant vient de mourir, cette femme ose enfin confesser son amour fou dans une longue missive... Grâce à l’ingénieuse adaptation de Michael Stampe, cette « Lettre d’une inconnue » de ­Stefan Zweig devient une pièce à deux personnages. L’écrivain, interprété par ­Frédéric Andrau, et l’inconnue, incarnée par Sarah Biasini, sont mis en scène par Christophe Lidon. Comment, chaque soir, peut-on s’enflammer sur le bûcher d’une passion sans pour autant s’y brûler les ailes ? Voici une des questions que nous avons posées à cette belle et ­incandescente ­comédienne.

Paris Match. Aborder un personnage si douloureusement excessif, c’est comme escalader une montagne. N’avez-vous jamais eu peur de “dévisser” ?
Sarah Biasini. Non, jamais. Ce personnage est très douloureux, mais la vie est douloureuse. Ce ne sont que deux heures de ma journée ; après, je rentre chez moi. Jamais je ne tomberai dans un précipice.

Vous êtes du genre à déconnecter facilement d’un rôle...
Non seulement je déconnecte, mais je n’y pense qu’au dernier moment. Cette inconnue, je la comprends tout à fait, parce que moi, j’ai déjà aimé comme ça. La grande différence, c’est que je le dis ! Je ne suis pas du genre à rester tapie dans l’ombre.

Son amour absolu ressemble un peu à un toc. De là à dire que votre inconnue est bien toquée...
Oui, elle est folle... d’amour. Elle a décidé d’aimer cet homme jusqu’à sa mort, et elle s’y tient. Mais jamais elle ne le lui dira. Quand on vit une passion, on a vite fait de se mettre des œillères et de ne plus voir autour de soi. Et puis quoi, l’amour, ça n’est pas raisonnable !

Que pensez-vous de cette femme ?
Il y a toujours un moment où je déteste mon personnage, où elle m’énerve. Je la juge, alors qu’il ne le faut pas. Mais ce n’est qu’une étape, après ça passe.

Dès le début de la pièce, vous êtes dans la détresse. Ce ne doit pas être évident de se mettre dans un état pareil d’entrée de jeu ?
Les larmes me viennent plus facilement qu’avant, j’ai moins besoin de me tordre les boyaux. En fait, c’est une sorte de libération. Pour me mettre en condition, j’écoute de la musique, aussi bien un concerto de Bach que des ­artistes alternatifs comme Joan As Police Woman. J’essaie de suspendre le temps, d’être totalement disponible, détendue.

Vous avez été formée à l’Actors Studio. En appliquez-vous la méthode ?
Oui, bien sûr. Je vais chercher au fond de moi par quelles émotions passe le personnage. Je dois trouver ce que j’ai pu vivre de similaire, ou bien ce qui s’en rapproche le plus. Puis des images me viennent toutes seules. Il me suffit de les raviver chaque soir. Je me sers de tout ce qui m’est arrivé dans la journée, de bien comme de mal. Toutes ces émotions, je les recycle pour le spectacle.

N’aspirez-vous pas à jouer quelque chose de plus léger ?
Oh, que si ! Mon prochain rôle, je veux que ce soit dans une comédie. Ou bien un truc méchant... Jouer une vraie salope, ça, ça me plairait !

Et vous trouverez en vous tout le matériau nécessaire ?
Je ne parle pas d’une salope dans le sens sexuel. Une garce, plutôt. Et là, croyez-moi, je trouverai en moi-même tout ce qu’il me faut... Point final

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