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Sarah Biasini comédienne
11 novembre 2017

Critique Toute la culture.com

Après son adaptation du Monde d’Hier aux Mathurins , Lauren Seksik propose avec « Modi » une nouvelle pièce sur l’art et l’exil dans une distribution aussi surprenante que réussie : Stéphane Guillon incarne un Amedeo Modigliani touchant, macho et patibulaire face à Geneviève Casile en belle-mère étrange, Sarah Biasini en muse amoureuse et Didier Brice en marchand d’art amical. Un beau portrait, allongé, intense et sombre, à la manière des lignes du maître italien.
★★★★★

Tout commence dans un atelier et un peu sombre de Montparnasse. La mère bourgeoise (Geneviève Casile, toujours merveilleuse) vient tancer sa fille adorée, Jeanne, (Sarah Biasini, très juste) d’avoir suivi des cours d’art et d’être tombée amoureuse d’un artiste sans le sou et acoolique : Modi. Masssif, et joyeusement irrespectueux, ce dernier, juif et italien, fait son entrée et chasse la belle-mère. L’intervention du marchand d’art houspillé par l’artiste en mal de reconnaissance et d’argent fait prendre la mesure de l’amour de Jeanne et de la misère du couple. Alors que « Modi » est phtisique et n’a pas été accepté comme poilu dans les tranchées, que la « Grosse Bertha » se rapproche de Paris et que Jeanne est enceinte, le galeriste convainc le jeune couple de se replier, comme Matisse et bien d’autres, vers Nice. Mais la lumière du Sud et la Promenade des anglais sauveront-ils Modi et sa femme de leur nombreux fantômes ?

Extrêmement documenté historiquement, très juste sur le climat social et artistique de l’époque et rempli de mots qui résonnent fort aujourd’hui, Modi fait le choix d’une mise en scène sobre, avec lumière tamisée et costumes d’époque, pour laisser libre cours au jeu impeccable des comédiens. Tous campent des personnages bien ciselés, touchants et bon rhéteurs. En Modigliani, Stéphane Guillon surprend, ton grave, citations de Dante efficaces en et éthylisme réaliste. En face, Sarah Biasini met toute sa douceur au service de Jeanne, sans jamais rendre la muse écervelée, tandis que Geneviève Casile donne bien de la force à son personnage qui s’émancipe du carcan de la Belle-mère envahissante. Calme et placide,Didier Brice fonctionne comme une ligne de basse continue et souple qui permet de prendre le pouls de l’agitation et du drame en train de se passer. Un très beau spectacle, à la fois classique dans sa facture et toujours d’actualité dans l’art de portraiturer l’artiste.

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