Shooting Yann CASTANIE

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[PORTRAIT]
Pour Dimanche Ouest France, portrait de Sarah Biasini, la fille de Romy Schneider. Elle vient de publier « La beauté du ciel ».

Mon portable sonne : « Tu peux faire le portrait de Sarah Biasini demain matin ? » Je suis déjà en reportage. Je passe vite fait mon emploi du temps en tête et accepte. Mais Sarah Biasini n’évoque rien chez moi. Le directeur photo, face à mon embarras, me précise : « la fille de Romy Schneider ».

Le lendemain matin, j’arrive dans les locaux de la maison d’édition. Le rédacteur est en avance et a démarré l’interview. Une personne chargée des relations presse vient me chercher. « Vous pouvez faire les photos ici dans le hall avec la baie vitrée, en général les photographes aiment bien. Ou ce coin là aussi. Nos bureaux en haut ne sont pas jojo ». Merci pour le repérage. J’aime bien. Je demande si on peut aller à l’interview.

J’entre dans la pièce. Elle est là. Derrière un simple bureau.

La fille de Romy Schneider… En fait je n’ai jamais été fan de Romy Schneider. Ses films ne me parlent pas. Je n’ai jamais été attiré par ce cinéma. Je ne la trouve pas d’une beauté éclatante. Pour moi, il n’y a pas de mythe. Peut-être y suis-je aveugle. Je ne sais pas, je ne ressens rien de particulier. Nous sommes tous plus ou moins touchés par certaines choses.

Je commence à faire des photos. J’écoute l’interview d’une oreille. Je sens le poids de cette histoire lourde. Cela m’interpelle du fait de mon goût pour la psychiatrie. La mort de la mère, la tombe profanée, le fait qu’elle ait réussi à avoir un enfant qu’après cette profanation, l’angoisse de mourir jeune et de laisser un orphelin, la peur de voir mourir son enfant du fait de la mort du frère.

La mort du frère. Je remets les choses dans l’ordre. Le frère, c’est celui que mes parents prenaient en exemple quand j’étais jeune pour que je ne saute pas les grilles de jardin. C’était ça le mythe pour moi.

Je quitte l’interview et vais me préparer pour le portrait. Je monte un flash devant la baie vitrée. Je teste la lumière.

Sarah Biasini arrive. Nous démarrons les photos. Je fais quelques plans larges, quelques plans serrés. 

Yann Castanier