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Sarah Biasini comédienne
7 juillet 2021

journal LA PROVENCE

 

 

Mademoiselle Julie : un voyage au bout de la nuit d'une extraordinaire puissance dramatique

Théâtre des Halles

Par Angèle LUCCIONI

 

 

 

Quelle chance que nous soit proposée cette version, pertinente et innovante, du chef d’œuvre de Strindberg ! La pièce du grand dramaturge suédois est en elle-même captivante.

La nuit de la saint Jean, où toutes sortes de dérèglements deviennent la règle, l'euphorie de la danse et de l'alcool aidant, Mademoiselle Julie, la fille d'un comte, se donne au domestique de son père, Jean. Mais ce duo qu'a formé le désir laisse bientôt la place à un duel qui peu à peu nous plonge dans un thriller haletant sur fond de lutte des classes autant que de guerre des sexes.

La scénographie de Christophe Lidon valorise la triple dimension, réaliste, symbolique et résolument moderne de l’œuvre. Le décor reconstitue une cuisine de l'époque, la grandeur de la table reflétant celle du château. Les bottes que cire le valet, à l'avant-scène, suggèrent le rôle essentiel que joue le châtelain, père de Julie, même absent. La table renversée met en évidence la transgression que représente la relation sexuelle des deux protagonistes principaux. Enfin, les grands panneaux blancs sur lesquels s'inscrivent des images et des vidéos géantes donnent plusieurs éclairages sur le comportement de Julie, notamment en évoquant sa jeunesse. D'autre part, ils l'enferment, annonçant d'emblée et soulignant sa situation sans issue.

L'interprétation des comédiens est à la hauteur de la complexité des personnages. Sarah Biasini est habitée par Julie, cette jeune femme sensuelle, effrontée, féroce, mais aussi fragile, pétrie de contradictions, perdue qu'elle est encore entre les influences discordantes qu'elle a reçues, entre une mère féministe et un père exigeant le respect des convenances, et bonnes manières de son milieu. Yannis Baraban campe avec talent un valet tour à tour manipulé et manipulateur et Déborah Grall incarne avec justesse sa fiancée, une femme du peuple à tous égards en complet décalage avec le couple central.

 

 

Du 7 au 30 juillet (relâches les 13, 20 et 27) à 16h30 au Théâtre des Halles, rue du Roi René. www.theatredeshalles.com

 

 

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