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Sarah Biasini comédienne
29 février 2012

Critique pro

 

SUR PREMIERE.FR

Cette lettre est avant tout un testament, la dernière volonté d'une femme de laisser une trace de son amour éperdu pour un homme ignorant tout d'elle et de son existence. C'est aussi le récit bouleversant et tragique d'une passion dévorante à sens unique. Ecrire. Ecrire pour exister enfin. Pour que tout ne soit pas vain. Comme souvent chez Zweig, lorsque le récit débute, le drame est déjà joué. Cette fin initiale s'offre dès lors comme un inéluctable et bouleversant compte à rebours. La nouvelle de l'auteur autrichien se prête plutôt bien à la scène. Cette fois, c'est Christophe Lidon qui la met en scène avec élégance. Michael Stampe signe une adaptation fidèle du texte de Zweig. La belle idée bien sûr, est d'avoir évité le traditionnel monologue et réparti la parole entre les deux protagonistes. Lidon a choisi de placer son action dans un espace atemporel. Sur un plateau vide et noir où le décor se résume à quelques ampoules en suspension, l'ambiance est mortifère. Celle qui vient de perdre la vie par amour semble déjà nous emporter avec elle dans sa tombe. Seules les exquises lumières de Marie-Hélène Pinon sont là pour nous sortir des ténèbres. Le metteur en scène a particulièrement soigné sa direction d'acteurs et utilise avec intelligence l'espace de la salle. Pour donner chair à cette passion si pure, si violente et, par ailleurs si discrète, il fallait une comédienne à fleur de peau. Sarah Biasini est évidente dans le rôle. Entre grâce et charme, elle captive. Egoïstement, on rêverait presque d'être l'unique destinataire de sa brûlante confession. Son interprétation, d'une grande finesse, nous emmène au cœur d'un tourbillon d'émotions. On souffre en écoutant ses mots. On enrage envers cet homme, interprété par Thomas Cousseau, qui n'aura jamais ouvert ni ses yeux ni son cœur pour tenter de la reconnaitre. Si vous n'êtes pas allé applaudir ce spectacle en 2011, alors courez-y sans plus attendre. Certes vous sortirez de la salle le cœur serré, mais vous ne le regretterez pas.
 
Dimitri DENORME
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