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Sarah Biasini comédienne
25 février 2020

Critique La nouvelle claque

 

La Mégère apprivoisée- Artistic Théâtre

Shakespeare immémoriel ou Shakespeare à la poubelle ? Voir ou ne pas voir cette pièce ? L’actualiser et si oui, comment ?

Dans « La Mégère apprivoisée » est question de Baptista (Maxime Lombard), père de deux filles, qui s’oppose à marier sa douce Blanca tant que l’acariâtre et indomptable Catarina (Sarah Biasini) ne sera pas elle-même promise à un mari. Débarque alors un gaillard, arrogant et vénal, en la personne de Petruchio (Cédric Colas) qui prétend pouvoir mater Catarina et laisser le champ libre à son ami Lucentio (Pierre Einaudi) pour ravir la cadette.

La pièce a été adaptée par Frédérique Lazarini qui l’a placée sur la place d’un village italien des années 50. Dans cette adaptation, la pièce se réduit à cinq personnages sur scène tandis que quatre autres apparaissent dans de petites séquences vidéo projetées sur ce qui paraît être un cinéma ambulant. Cette trouvaille est intéressante, permettant à des personnages absents sur scène d’apparaître en second plan. De plus, les passages de pubs italiennes (joli travail d’archive!) sont de réjouissants interludes. Le décor est simple mais appréciable et les costumes mi-contemporains, mi-élizabethains font bon effet.

Dans le cinéma italien des années 50, des revendications sociales et féministes prennent forment, écho à notre mégère qui, chez Shakespeare, a bien du mal à se faire entendre. Petruchio, en la privant de sommeil et de repas entreprend de la dresser. Après quelques tours de passe-passe grâce à la complicité de son valet, il la ramène voir son père Baptista. Les hommes mariés présents parient alors sur la femme la plus soumise : Catarina devenue obéissante fait gagner son mari.

Malgré toute l’inventivité de l’adaptation proposée, ce fut pour moi, avec mon regard féminin et contemporain, un choc tant les propos de Shakespeare suintent d’une misogynie sans borne. De plus, le jeu est un peu criard et poussif, le personnage de Petruchio surtout est surjoué.

N’était survenu cet épilogue final dans lequel Sarah Biasini déclame un texte emprunté à Virginia Wolf, j’aurais gâché mon après-midi. Si cet aparté me rassure sur l’intention des acteurs et de la metteure en scène, la sensation reste désagréable.

Malgré une proposition artistique insérant astucieusement la critique par le cinéma italien des années 50 dans l’intrigue, j’ai l’impression d’être passée à côté de la suggérée modernité de cette adaptation.

Crédit photo : Marion Duhamel

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